Compostelle, et après ?

Ce témoignage de Pierre B. a été publié dans Camino n°54. Un appel aux anciens pèlerins, pour continuer à faire vivre l’esprit du chemin de retour chez soi…

chemin d'utopieDans tout ce qui constitue les réponses ou messages du Camino, se manifeste un enthousiasme, une joie profonde d’avoir parcouru ce chemin de foi. Par contre, on sent bien qu’à l’arrivée à Santiago, déjà, se manifeste une certaine tristesse, car à ce point s’achève le rêve, et l’on va devoir se replonger dans la dure réalité de la vie quotidienne, chez soi. Avec deux sentiments au cœur : la sensation de frustration du retour au train-train quotidien… et l’envie formidable de repartir pour retrouver la liberté, la joie d’être libre. Quelle merveilleuse sensation!

Mais… car il y a un « mais »… comment va être ma vie APRÈS ? C’est un vrai problème. Repartir tout de suite ? Il faut retrouver le temps, les moyens etc. Pas forcément possible. L’année prochaine ? Peut-être…

Pour ma part (j’ai fait tous les « chemins » depuis dix ans), j’ai pensé que les cailloux des « camino » n’étaient, en fait, que les « fils d’Ariane » du cœur, de ce que nous recherchons en profondeur de nous-même, c’est l’aspect purement matériel de notre évasion intérieure. Au temps de la « vraie clôture » à l’abbaye de Cîteaux (en ce temps-là, ils ne se parlaient que par geste – langage des mains – sauf pour les offices et pour les visites de famille), un moine à qui je posais la question de savoir ce qu’il ressentait d’être « clos » (enfermé pour la vie), m’a répondu :

tu sais, la liberté, elle est ici!

Et il m’a montré le monastère, où figurait, au-dessus du porche d’entrée, la devise : O Beata Solitudo (O Bienheureuse Solitude). Les temps ont un peu changé… restent le silence et le recueillement.

En fait, le « chemin », c’est celui de tous les jours. Il ne faut pas s’arrêter à Santiago… il faut continuer en appliquant chaque jour la règle du chemin, en étant toujours joyeux, surtout vis-à-vis de celles et ceux qui souffrent, en se montrant généreux, en donnant de son temps etc. À mes yeux, c’est cela aussi, poursuivre son chemin. Plein de gens, âgés, malades, handicapés attendent des « pèlerins de Compostelle ou de Rome ou de Lourdes » pour les aider à vivre, à leur redonner la joie d’exister, à leur faire oublier leurs malheurs.

Je ne marche plus pour moi. Si je peux « m’évader » un jour, un martin ou davantage sur un sentier, un chemin… j’ai le projet de repartir… ça n’est plus pour moi, je marche pour MF qui souffre d’un cancer, je marche pour Michel et son sourire… sur son fauteuil roulant, je marche pour Jacques (mon frère), handicapé en psy à cause d’une erreur médicale, pour ces vieilles personnes à qui nous rendrons visite presque chaque jour… et qui nous attendent parce que nous sommes (ma compagne et moi) « des pèlerins de Compostelle ». Oh ce sourire lorsque nous entrons dans la maison : « les pèlerins! »

Soyez généreux! Offrez votre chemin! Ça sera la suite de votre pèlerinage – Merci!

Pierre B.

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